Hé oh Hé oh on est fiers du boulot
Au grand galop on baise la gueule du populo
Hé oh Hé oh Hé oh
On gouverne à huis clos
La loi travail est un fardeau car elle pèse trop
Hé ho la gauche ? Est-ce qu’il y en a un qui soit de gauche au gouvernement ? Ou à l’Elysée ? Qui joue Blanche Neige ? Où sont les sept nains parmi les ministres ? Comment un discours du Bourget devient-il une super production digne d’être labellisée Disney en ces temps où l’Amérique nous dessine un avenir TAFTAien ?
Ce gouvernement a trahi sa parole, il a trompé la plus large partie de ses électeurs. Ce n’est plus qu’un serviteur zélé des directives européennes. La réforme du Code du travail est dictée par Bruxelles, par le grand patronat et la loi des marchés. Ce désastre présidentiel et gouvernemental alimente directement la désespérance, entrainant avec lui les partis de la gauche d’alternance. Ce faisant ce gouvernement prive les syndicats – qui sont à l’origine des conquêtes sociales - de tout débouché politique à leurs revendications. En nous trahissant, nous, salariés de la CGT, de FO, de la FSU, de Solidaires, dont nos aînés sont à l’origine des grands acquis sociaux, ce gouvernement nous humilie. Il nous répudie de son histoire qui est devenue celle de la noblesse financière et politique. Ce gouvernement c’est le radeau de la Méduse. Il n’en n’a plus pour longtemps. Personne ne regrettera sa disparition, même si désormais le pire politique se profile.
N’en déplaise à cette équipe, aux refrains récurrents sur « la pédagogie » pour expliquer sa politique, son orientation est désormais antisociale, bien qu’autoproclamée moderne. Elle est en fait réactionnaire. Le projet de loi Travail porté par Hollande et Valls est terriblement emblématique. S’il passe il détruira tout le mécanisme de protection et de solidarité sociale en individualisant les rapports au travail, les références aux grands principes de cotisation et redistribution. Le scénario est le même qu’en 1993 quand la droite politique a attaqué les retraites du secteur privé de droit commun. Aujourd’hui c’est le cadre général du Code du Travail qui est attaqué. Demain, si la consanguinité des droites qui se succèdent gagne, ce sera la fonction publique. Les fonctionnaires ne le voient pas encore. Pourtant dès 2017 les chantres de la doctrine capitaliste et libérale programmeront la destruction du statut. Ils en finiront avec un principe républicain d’indépendance politique et de redistribution. Le scénario est prêt. Il est même en partie dévoilé. Certains syndicats de salariés l’accompagnent, sans complexes. La droite multi facettes est désormais sans complexes. Elle est pragmatique. Demain l’avenir sera radieux. Contrat de travail unique pour tout le monde : le CDI qu’Hollande nous promet avec Gattaz, sera un CDI public/privé souple et agile adapté pour licencier facile. Les fonctionnaires seront : obsolètes, au pire à obsolescence programmée.
Ce gouvernement doit être sanctionné autant sur l’orientation qui est la sienne que sur sa méthode révoltante. Mais cette sanction ce n’est pas d’attendre le scrutin présidentiel de 2017 en dynamitant électoralement le parti au pouvoir et avec lui ses alliés à venir qui chercheront des strapontins de survie près du pouvoir. La sanction urgente c’est réussir la grève pour le contraindre à retirer son projet scandaleux. Dans son préambule le projet de loi dit clairement que désormais la loi n’a pas à protéger le salarié mais l’employeur. Cette inversion, les médias se gardent bien de la mettre en avant. Pourtant c’est elle qui contient tout. Cela change même le cadre juridique des rapports du travail. Il sortirait le droit français des principes de l’Organisation Internationale du Travail. Hé oui Hé oh bravo pour le boulot ! La loi voulue par ce gouvernement sert la volonté du patronat international pour mettre en concurrence la main d’œuvre, pour l’abaissement du coût du travail. Nous sommes face à une mondialisation capitaliste d’une agressivité absolue qui a déclaré la guerre mondiale aux droits des salariés pour servir les profits et l’actionnariat des grands groupes.
Depuis deux mois maintenant, avec des lycéens, des étudiants, des jeunes sans emploi ou salarié-e-s, notre intersyndicale explique la catastrophe programmée par ce gouvernement aux ordres des puissants. Elle va nous ramener plus d’un siècle en arrière en matière de droit du travail. Malgré le contexte, les insuffisances ou cécités médiatiques, nous avons désormais obligation d’étendre la grève, de travailler à sa généralisation. Nos manifestations peuvent être importantes mais l’essentiel n’est pas de faire de la communication de rues, comme en 2010. C’est bloquer le patronat au portefeuille. La reconduction de la grève doit être mise en débat dans chaque boîte, chaque lycée, collège ou école, chaque administration. Si nous ne faisons pas reculer le patronat et son gouvernement nous perdrons plus gros encore que des journées de grève. Car notre échec hypothèquerait l’avenir. Leur victoire serait le pire des signaux. Ils auraient mis à genoux les salariés d’un des pays au monde qui a le plus haut niveau de protection sociale !
Ce gouvernement est discrédité. Son bilan est squelettique sur le plan social, hormis des avancées contenues contre l’homophobie. Ce régime s’est condamné tout seul. Il a même parié cyniquement sur le dynamitage de son parti de gouvernement, pour en finir avec le socialisme. Mais il a fait un autre pari : faire que le syndicalisme d’accompagnement socio libéral supplante en France la grande CGT d’avant et après sa partition due à la guerre froide.
Rebâtir l’espoir dans les décombres : nos aînés ont su le faire avec le conseil national de la résistance. Faisons-le à notre tour. Faisons de nos jours de colère des projections en nuits debout.
Didier HUDE